En fin de semaine, une amie m’a annoncé que sa fille avait accouché avec une quinzaine de jours d’avance sur la date prévue.
Bien entendu nous étions toutes les deux enchantées de cette naissance, qui signifiait véritablement une nouvelle étape dans sa vie de femme et de grand-mère, un statut tout neuf pour elle. Au fil de la conversation, elle me confie néanmoins que pour sa fille, l’accouchement, qui s’est heureusement bien passé, laisse tout de même un petit gout amer. Elle est déçue que ce moment ne se soit pas passé tout à fait comme elle l’avait imaginé.
En effet, à cause, entre autres, d’un diabète gestationnel un peu élevé en fin de grossesse, les médecins ont préféré déclencher l’accouchement pour ne pas prendre de risque inutile. Le bébé ayant, de plus, un poids déjà honorable, attendre davantage n’aurait pas forcément facilité l’accouchement vis à vis de son passage par voie basse, dixit le corps médical.
Cette jeune-femme aurait préféré un accouchement sans déclenchement, et pourquoi pas peut être même sans anesthésie péridurale. Chacun met dans son « projet de naissance » comme le prénomment les médecins, ce qu’il souhaite en fonction de son propre vécu, des informations dont il dispose, de ses propres peurs aussi.
Je m’interroge.
Ce moment, la naissance, qui à mon sens, et après tout ce que j’ai pu comprendre du processus d’incarnation, est probablement le moment le plus difficile de toute une vie, est bien souvent porteur d’énormément d’angoisses venant de toutes parts.
Et c’est bien normal vu le contexte dans lequel nous vivons.
Dans une société ou l’on parvient à tenir sous contrôle à peu près tout, la naissance reste un moment mystérieux, qui survient au moment où une âme se décide à s’élancer dans ce tunnel sombre et à naitre au monde. Au moment où elle le décide, elle.
Il me vient alors ce que je questionne depuis si longtemps : « écoutons ces âmes » et mettons de côté l’espace de quelques heures nos considérations techniques, humaines, médicales, nos peurs de futurs parents, nos envies de perfection, nos angoisses existentielles.
Écoutons-les nous confier leurs besoins pour naître plus sereinement.
Écoutons-les nous conter la poésie de leurs envies pour le monde, leur amour.
Écoutons-les vraiment.
Commençons à tisser ce lien d’amour ensemble, entre le haut et le bas.
Juste sous les étoiles.
Aquarelle d’illustration : Lisbeth